Mutuelle santé : la facture grimpe encore, comment s’en sortir en 2025 ?

Dans un contexte de hausse continue des coûts de santé et d’érosion du pouvoir d’achat, les agents territoriaux peuvent compter sur un atout méconnu : les mutuelles labellisées avec participation employeur. Une révolution qui s’accélère avec la réforme de 2025-2026.

Par la rédaction, publié le 28 mai 2025

C’est une double peine qui frappe de plein fouet les 1,9 million d’agents territoriaux français. Le pouvoir d’achat des agents publics va donc continuer de s’éroder après une année blanche en 2024 et une période de forte inflation non compensée, tandis que les tarifs des mutuelles santé s’envolent. Après celle de 8% en 2024, les complémentaires santé à statut mutualiste vont augmenter de 6% en 2025, selon la Mutualité française. Face à cette tempête financière, une solution existe pourtant : les mutuelles labellisées avec participation employeur, un dispositif méconnu qui va révolutionner la protection sociale territoriale.

Un levier financier sous-exploité

Depuis 2012, un mécanisme permet aux collectivités de participer au financement des mutuelles de leurs agents. Dès 2025, les employeurs publics devront participer aux cotisations des contrats de prévoyance des agents territoriaux, avec un minimum de 7 € par mois. À partir de 2026, cette obligation s’étendra à la complémentaire santé, avec une participation minimale de 15 € par mois.


Un agent territorial que nous avons rencontré dans les Hauts-de-Seine témoigne : « Je payais 45 euros par mois pour ma mutuelle. Avec la participation de ma collectivité, cela ne me coûte plus que 30 euros. Dans le contexte actuel, c’est une bouffée d’oxygène. »

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : si vous payez actuellement 40 € par mois pour votre mutuelle, votre employeur participera à hauteur de 15 €, ce qui ramènera le coût à 25 €. Une économie de 180 euros par an qui permet de compenser en partie la flambée des prix. Pour découvrir les modalités de cette protection adaptée aux agents territoriaux, voir plus sur les offres labellisées disponibles.

Le label, gage de solidarité

Pour bénéficier de cette aide, la mutuelle doit être labellisée. Une mutuelle labellisée fonction publique territoriale est une mutuelle qui a reçu un label attestant de son caractère social et solidaire, selon les critères définis au titre IV du décret n° 2011-1474. Ce label, accordé pour trois ans par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, garantit des conditions privilégiées.

Un responsable syndical de la fonction publique territoriale que nous avons interrogé explique : « Le système de labellisation protège nos agents contre la sélection des risques. Peu importe votre âge ou votre état de santé, vous pouvez adhérer aux mêmes conditions. »

Les critères de souscription sont souples : aucune condition n’est liée à l’âge, à l’état de santé ou à l’activité professionnelle. Un atout majeur quand on sait que le vieillissement de la population accroît naturellement la demande en soins de santé.

2026, l’année du basculement

La réforme de la protection sociale complémentaire va changer la donne. À partir du 1er janvier 2026, votre collectivité employeur vous remboursera une partie de vos cotisations à votre complémentaire santé (mutuelle). Contrairement au secteur privé où la mutuelle d’entreprise est obligatoire depuis 2016, la fonction publique territoriale rattrape son retard.

Cette évolution intervient alors que les indexations seront « importantes » voire « soutenues » et pourraient osciller entre 6% et 10% selon les portefeuilles des prestataires. Les agents territoriaux qui anticipent ce changement en souscrivant dès maintenant une mutuelle labellisée prennent une longueur d’avance.

Des garanties minimales exigeantes

Le cahier des charges des mutuelles labellisées impose un niveau de protection élevé. 100 euros de frais d’optique pour une correction simple ou 150 euros pour une correction complexe, tous les 2 ans. Ces garanties minimales sont les mêmes que celles exigées pour le panier de soins des salariés du privé.

Un expert en protection sociale que nous avons consulté précise : « Les mutuelles labellisées doivent couvrir la totalité du ticket modérateur pour les actes remboursés par l’Assurance maladie. C’est la garantie d’un reste à charge maîtrisé. »

L’effet inflation amplifie l’urgence

Les hausses tarifaires des mutuelles s’expliquent par plusieurs facteurs convergents. Avec le vieillissement de notre population et les avancées scientifiques, et sans refonte structurelle, ces dépenses continueront d’augmenter jusqu’à ce que nous ne puissions plus y faire face, prévient le président de la Mutualité française.

Le contexte économique aggrave la situation. Si les données pour 2023 et 2024 ne sont bien entendu pas disponibles dans ce rapport annuel, il est quand même prévisible que le pouvoir d’achat des agents se dégrade avec une inflation à 4,9% en 2023.

Des inégalités territoriales persistantes

Toutes les collectivités ne jouent pas le jeu. Parmi les agents éligibles, 57% ont bénéficié de cette prime de pouvoir d’achat exceptionnelle, révélant des disparités importantes selon les employeurs territoriaux. Cette inégalité de traitement devrait s’estomper avec l’obligation légale de participation dès 2026.

Un maire d’une commune de moins de 10 000 habitants confie : « Nous n’avions pas les moyens de financer une participation volontaire. L’obligation légale nous permettra de budgétiser cette dépense et d’offrir enfin cette protection à nos agents. »